Nîm et Ana (une histoie qui n'a rien à voir avec le sda)

CHAPITRE I: Un bon arrangement

Dans la Ville, il se passe tout les jours des centaines de choses dont vous n'avez pas la moindre idée. Située sur le côté Est du Fleuve, elle est un passage obligé vers la mer pour tout commerçant venant des Greenlands et au-delà, vers les sources mystérieuses du Fleuve. Mais dans la Ville on ne se préoccupe guère de se qui se passe au-delà de la forêt dite des Ma-Ma. La Ville n'est pas un endroit où il fait bon vivre pour les gens plus démunis, l'élite commerçante ne s'occupant que de devenir plus riche encore et cela à tout prix, et éventuellement de "protéger" certain de leurs amis en leur fournissant une certaine somme d'argent. Ainsi va la vie dans la Ville.
Ana était une jeune Elfe, perdue dans la Ville, à la merci du premier profiteur venu. Elle s'était sans doute déjà fait avoir par une quelconque promesse de guérison de sa cécité. Ou bien, pire encore, avait elle été abandonnée là par sa famille, car à quoi peut donc servir une jeune Elfe aveugle?
D'une taille normale pour une Elfe, plutôt petite par rapport aux humains, Ana semblait très timide. Son visage était fin et ses yeux, couleur de jade, brillaient très fort. Ses cheveux, châtains clairs, tombaient sur ses épaules quand ils n'étaient pas attachés en une queue un peu de travers et en continuel désordre. Elle était habillée de gris avec une vielle cape amarante qui lui servait aussi de couverture.
Elle rôdait dans les rues depuis bientôt trois jours, et n'avait guère eu de nourriture en plus de ce qu'elle avait en arrivant, ce qui était déjà peu. Si quelqu'un la remarquait maintenant, elle disparaîtrait mystérieusement comme le font chaque jour une dizaine de personnes dans la Ville, et personne ne la retrouverait jamais. Il y a peu de gens dans la Ville qui sont vraiment gentils.
Heureusement pour Ana, ce fut l'un d'eux qui la remarqua en premier. C'était un chien d'Ath, à l'allure de chien de berger mais facilement reconnaissable grâce à la marque en forme de collier noir qui marquait son cou comme celui de tous les chiens d'Ath. Ce ne sont en effet pas des chiens ordinaires, ils ont une très grande intelligence et sont considérés comme des êtres à part entière. Ils ont en plus un don très particulier et très utile dans cette ville où pullulent les hypocrites: ils peuvent lire les pensées des gens.
Celui qui ce jour-là aperçut Ana s'appelait Nîm. Il cherchait un partenaire humain, ou Elfe, afin de pouvoir exprimer ce qu'il voulait par lui ou elle. Les chiens d'Ath ne sont pas doués de parole. Nîm avait un pelage brun doré, qui s'éclaircissait sur son ventre, ce qui faisait ressortir d'autant plus le noir de la marque d'Ath.
Quand il vit Ana, Nîm sut immédiatement qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait, et prêta par la pensée ses yeux à Ana, qui put ainsi voir enfin ce qui se passait autour d'elle, en échange de quoi elle parlait pour Nîm.
Nîm et Ana devinrent rapidement de bons amis, et jamais ils ne séparaient, sauf en de très rares occasions. Nîm allait parfois chiper de la nourriture pour eux deux quand ils manquaient d'argent. Son aspect de chien et son intelligence faisaient qu'on ne l'attrapait jamais. Ana quand à elle était contrainte de mendier dans la rue, mais avait réussi à attirer l'attention d'un homme qui était devenu leur protecteur et leur donnait régulièrement un peu d'argent.

CHAPITRE II: Une disparition inquiétante

Bien sûr, il y avait d'autres chiens d'Ath dans la Ville. Il y en avait exactement trois autres, tous avec un compagnon humain. Ce jour là, l'un d'eux, Tîn, était venu voir Nîm. Tîn avait pour compagnon l'un des plus riches citoyen de la Ville, et il y avait de bonnes chances que Nîm arrive à le convaincre de donner un bon travail à lui et Ana. Il fallait donc que Nîm s'occupe bien de lui, même si l'endroit où il vivait avec Ana n'était pas des plus beau. Ana était partie faire des courses près du port.
Quand Tîn repartit, Nîm était très content de lui, et surtout très pressé d'annoncer à Ana la bonne nouvelle: bientôt, grâce à Tîn, ils allaient pouvoir s'installer confortablement dans le beau quartier de la Ville. Tîn avait en effet promis à Nîm de prendre Ana comme femme de chambre, enfin, comme bonne à tout faire, et de leur donner un appartement dans la grande maison.
Nîm partit donc en direction du port, et chercha Ana sur la place du marché. Elle n'y était pas, aussi revint il rapidement à leur petit abri au fond d'un cul-de-sac peu fréquenté, croyant qu'elle y était retournée et qu'ils s'étaient croisés sans se voir. Il y a plus d'un chemin pour aller d'un endroit à un autre!
Nîm avait un grand avantage pour chercher: grâce à son don, il pouvait aisément retrouver quelqu'un même dans les foules les plus compactes. Seulement, quand il arriva à leur abri, Ana n'était pas là, et il décida de l'attendre?
Il attendit longtemps avant de finalement comprendre qu'Ana avait disparu. Le soleil était déjà presque couché, et Nîm, très inquiet, commença à fouiller méthodiquement le port où la foules d'hommes et de femmes marchandant et transportant toutes sortes de marchandises se dispersait lentement. Il alla aussi voir dans les autres endroits où l'on pouvait se procurer des biens, avant de retourner dans son abri, furieux d'avoir laissé partir Ana seule, et terriblement angoissé à l'idée de ne jamais la retrouver ou, pire encore, de la retrouver dans un état pitoyable, morte ou proche de la mort.
Il n'arrivait pas à s'endormir, aussi recommença-t-il ses recherches. Les rues étaient de plus en plus vides, ou de plus en plus remplies si l'on compte tout les pauvres gens qui dorment sous les porches dans cette partie de la Ville. Nîm se trompa plusieurs fois de chemin, et se retrouva dans un cul-de-sac? Il s'arrêta. Il devait essayer de se clamer, car il savait qu'il n'arriverait pas à utiliser toutes ses capacités s'il paniquait? Il recommença son chemin à partir du début.
Puis, alors qu'il croyait avoir perdu Ana à tout jamais et qu'il était sur le point d'abandonner, la mort dans l'âme, il retrouva enfin la trace d'Ana dans un bateau en partance pour les Greenlands...

CHAPITE III: chance et malchance

Il ne savait pas où c'était au juste, on lui avait vaguement dit que c'était au-delà de la Forêt, en amont du Fleuve. il s'embarqua donc clandestinement sur le bateau en question, sans trop réfléchir, afin d'en savoir plus. Il apprit alors que le bateau appartenait à un homme étrange, dont la particularité la plus marquante était le fait qu'il ressemblait à un troll, et qui n'avait aucuns protégés. C'était un signe de très grande avarice pour un homme si riche, ce qui explique que ses hommes aient enlevé Ana pour payer le tribut aux Ma-Mas.
Il apprit alors que les Ma-Mas étaient des créatures étranges et très mystérieuses, qui exigeaient un "tribut" d'êtres vivants pour autoriser les bateaux à passer sur leur territoire. C'est du moins ce que racontent les légendes, car personne n'a jamais raconté avoir vu de Ma-Mas. Les mariniers, étant, comme tout les monde le sait, très superstitieux, continuent cependant à payer le tribut. On raconte en effet que des navigateurs imprudents, n'ayant pas payé le tribut, se sont fait changer en pierre par ces créatures.
Le bateau qui avait prit Ana était parti il y déjà quelques heures, selon ce que Nîm entendait dans les pensées des marins, et celui sur lequel Nîm venait de s'embarquer le suivait d'assez près. Nîm aurait voulu aller plus vite, toujours plus vite, afin de rattraper l'autre bateau. il était aussi furieux, vraiment très furieux, que l'on se soit ainsi servi d'Ana. Jamais il n'aurait dû la laisser seule.
Il était tellement distrait par sa colère qu'il se fit surprendre par un membre d'équipage. Le capitaine du bateau, ravi, ordonna de le donner en tribut aux Ma-Mas. ainsi, il n'aurait pas à acheter un quelconque créature pour le voyage du retour, il utiliserait simplement celle qu'il avait embarqué pour l'aller, et qui croupissait dans la cale. De plus, c'était ça le plus important, il allait faire des économies, et pour une fois son maître serait content. il avait donc bien raison de se réjouir.
Nîm, surpris, commença par adopter une allure agressive, montrant des dents et grondant méchamment, puis décida rapidement de se laisser plus ou moins faire, comprenant tout d'un coup que c'était une occasion idéale pour se faire débarquer et rejoindre Ana, qui avait sans doute déjà été débarquée. la chance lui souriait, et il espérait vite retrouver Ana.
La Forêt est, en apparence, très agréable. il y a des petites clairières, des ruisseaux, et elle est constituée essentiellement d'arbres feuillus. Mais l'atmosphère y est si lourde que, quand on y est, on a l'impression de porter le monde sur ses épaules. Comme pour renforcer cette impression, il y a souvent des nappes de brouillard, comme si les nuages étaient écrasés contre le sol tellement le ciel pesait sur eux? Il n'y a guère de bruits, excepté le vent et l'eau. la Forêt semble vide de toute forme de vie.

CHAPITRE IV: retrouvailles

Débarqué dans cette Forêt étonnement vide, Nîm chercha Ana en utilisant tout ses sens. Il finit par la retrouver après un jour et une nuit de recherche frénétique. Il avait commencé par suivre ses pas, bien visibles sur la rive du Fleuve, puis ceux-ci avaient disparus. Réfléchissant un peu, il se dit qu'il ferait mieux de se diriger vers un point d'eau, c'était sûrement ce qu'Ana avait fait. En effet, un ruisseau coulait plus loin. C'est là qu'il passa la nuit, mais son sommeil ne fut pas très bon. Ensuite, suivant le ruisseau, il arriva sur le bord d'une clairière.
Là, le petit ruisseau prenait une couleur étrangement argentée. Nîm fut prit d'une envie irrésistible de regarder dedans. la clairière était mystérieusement parsemée de pierres, petites et grandes, qui surgissaient du brouillard avec leurs formes arrondies qui faisaient penser à des statues inachevées, comme si un sculpteur sans idées fixes était passé par là, sur les bords de ce ruisseau. Maintenant, le seul, ou plutôt la seule, être vivant au bord du ruisseau était Ana.
Nîm, fou de joie, eut quand même un bon réflexe. Il sonda les pensées d'Ana, et s'arrêta net. En effet, voici ce qu'Ana pensait:
-"C'est bien la première fois que le fait d'être aveugle m'avantage, mais dans ce cas c'est heureux, car tout ceux qui ont regardé dans ce ruisseau ont été changés en pierre pour le restant de leurs jours. Mais je ne voit rien, et je ne sais par où aller. Oh, Nîm, si seulement tu était là!" Elle était complètement perdue et au bord des larmes. Elle n'avait presque pas dormi, et, comme Nîm, n'avait pas mangé de tout son périple.
C'est alors que Nîm, tout en restant à bonne distance, l'appela. Ana, heureuse d'avoir enfin été retrouvée et sûre que, grâce à Nîm, elle sortirait un jour de cette Forêt magique et angoissante, couru rejoindre celui-ci. Elle le serrait dans ses bras et le caressait pendant que Nîm lui léchait le visage. Ils étaient tellement heureux de s'être retrouvés! Cette fois-ci, Ana ne put contenir des larmes de joie. Nîm lui promit qu'ils allaient au plus vite sortir de cette Forêt de malheur, et qu'il ne la laisserai plus jamais seule.
Nîm et Ana se mirent donc en route rapidement, poussé par la faim qui commençait à se faire sentir. Ils suivirent le ruisseau, espérant qu'il les mènerait rapidement jusqu'au Fleuve et qu'une fois arrivé là, un bateau les embarquerait. mais une chose à la fois, pour le moment, ils étaient perdus dans la Forêt, et ils suivaient le petit ruisseau qui devenait visiblement de plus en plus grand, ce qui remplissaient de joie et d'espoir Nîm et Ana. Ils y voyaient un signe qu'on arrivait près du Fleuve où le ruisseau, ou plutôt la petite rivière argentée se jetait sûrement.